Après une récente nouvelle annonçant que notre cousin et ancêtre était cannibale, voici qu'une équipe de recherche panamo-américaine fait passer son image d'un être massif mangeur de viande à un omnivore. Un pas de plus vers l'homo sapiens que nous sommes.
Dans l'imagination collective, l'homme de Néandertal est un être musculeux, carnivore. Cette image est née de plusieurs faits dont le principal est sa disparition en même temps que les grands mammifères à la fin de l'ère glacière. La conclusion s'est imposée: cet homme, avec l'extinction des mammouths, n'arrivait plus à trouver la viande nécessaire à son régime et n'a pas su modifier efficacement son mode d'alimentation.
Cependant une dernière étude, menée par des scientifiques du département d'Anthropologie de l'université de Washington et Smithsonian Tropical Research Institute de Balboa au Panana, apporte un nouvel éclairage sur le mode alimentaire de Néandertal.
Ce travail est basé sur l'étude de calculs, ou matière fossilisée, présents entre les dents de crâne néandertaliens retrouvés sur différents sites: Shanidar III en Irak, Spy I et II en Belgique. Ces calculs sont en fait des granules d'amidon fossilisées et, particularité, une partie de ces graines montre qu'elles ont été cuisinées ou tout au moins préparées. C'est la première preuve expérimentale que Néandertal consommait des végétaux. Des équipes avaient déjà retrouvé des pollens mais ces découvertes ne permettaient pas de conclure à l'ingestion volontaire de végétaux. En effet, les pollens peuvent être absorbés par la respiration.
Ces analyses réalisées sur des échantillons provenant de sites éloignés permettent de montrer que les résultats de l'étude peuvent être considérés comme un trait commun à Néandertal.
Les résultats de cette étude sont donc une première. Il convient cependant de rester prudent sur l'affirmation, Néandertal est omnivore. Les premières études sur les squelettes néandertaliens ont montré, en effet, une forte teneur en protéine. Les chercheurs avaient conclu sur un régime essentiellement carnassier, omettant au passage que les végétaux peuvent également apporter des protéines. L'étude de ces protéines devra donc être approfondie pour différencier les molécules issues de la viande ou des végétaux. Après tout, ces graines ne pourraient être que des aromates destinés à parfumer la viande. Ce n'est pas parce qu'on est Néandertal qu'on n'apprécie pas la bonne cuisine. Alors Néandertal carnivore gourmet ou omnivore? L'étude reste à faire.
Ps: Et la grande question: faut-il, pour aider les futurs anthropologues, arrêter de se brosser les dents et laisser le tartre envahir nos mâchoires?
Source:
Microfossils in calculus demonstrate consumption of plants and cooked foods in Neanderthal diets (Shanidar III, Iraq; Spy I and II, Belgium)
Amanda G. Henry, Alison S. Brooks, and Dolores R. Piperno
PNAS published ahead of print December 27, 2010, doi:10.1073/pnas.1016868108
Images:
Center for Advanced Study of Hominid Paleobiology.