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L'opinion politique du cerveau

Une récente étude en neuroscience montre que la structure cérébrale des personnes de droite et de gauche présente des différences qui peuvent influencer leur opinion politique. Comme toujours lorsqu'il s'agit d'étudier les comportements humains, les commentaires font rages: les psychologues peuvent raconter n'importe quoi sans preuve, mais il est hors de question que des démarches scientifiques viennent apporter leurs lumières sur le psyché humain.



Que nous apprend l'article, Political Orientations Are Correlated with Brain Structure in Young Adults, publié dans le journal Current Biology? Il montre que les gens de droite ont un plus petit cortex cingulaire antérieur rostral et un surdéveloppement des amygdales. Avec une telle description nous sommes bien avancés... Ce qui est intéressant est le rôle que joue ces zones du cortex cérébral sur notre comportement. Le cingulaire joue un rôle de transmetteur d'informations entre les différentes lobes du cerveau. Il est notamment impliqué dans les transmissions et le contrôle des émotions. Une déficience de cette partie du cortex peut engendrer diverses séquelles comme la cécité psychique (incapacité au cerveau à analyser les signaux transmis par les yeux), le manque d'empathie et la disparition de la sensation de peur. Le cingulaire permet entre autre de détecter et gérer les conflits entre une action (ou réponse) habituelle et une action (ou réponse) appropriée. Pour généraliser grossièrement, le cingulaire permet d'adopter un nouveau comportement face à une situation changeante ou inhabituelle.
Les amygdales, de leur côté, permettent la gestion des émotions négatives comme la peur, la colère ou l'anxiété. Les amygdales permettent d'avoir une réflexion de peur immédiate, « non analysée » et de fuir un danger par pur réflexe.
Ces deux « organes » sont reliés. L'amygdale permet de réagir immédiatement à un stimulus extérieur jugé comme agressif. Le cingulaire va, lui, analyser la situation et freiner ou maintenir l'action des amygdales en fonction de l'analyse. Si vous regardez un film d'horreur, devant certaines scènes, vous êtes horrifié, les amygdales fonctionnent. Pourtant, vous ne quittez pas votre fauteuil pour autant, vous vous dites que ce n'est qu'un film et votre comportement change. Ici, c'est le circuit d'analyse, plus lent, du cingulaire qui reprend le contrôle des amygdales.

Pour revenir aux opinions politiques, cette étude tend à montrer que les gens de droite auraient une tendance à agir rapidement par réflexe, et à adopter des solutions traditionnelles face aux problèmes. A l'opposé, les gens de gauche auraient une tendance à la réflexion et à apporter des solutions alternatives et adaptées aux différentes situations. Ces descriptions ne sont que des constations matérielles de l'état des cerveaux de personnes et droite ou de gauche. Elles ne relient que des constations « géométriques » à des fonctions neuronales associées à la peur. Elles ne donnent aucune information sur l'influence de l'éducation sur ces fonctionnements et, si on devient de droite ou de gauche, ou si on l'est. En tout cas, ces travaux ont le mérite de montrer que la peur, si elle est sans cesse provoquée, entraîne un manque d'analyse et de réflexion, et certainement des réactions inutiles et vaines.

Sources:
Political Orientations Are Correlated with Brain Structure in Young Adults
Ryota Kanai, Tom Feilden, Colin Firth, Geraint Re
Current Biology, 07 April 2011

A noter que cette étude est une poursuite d'un travail de 2007.
Neurocognitive correlates of liberalism and conservatism
David M Amodio, John T Jost, Sarah L Master, Cindy M Yee
Nature Neuroscience 10, 1246-1247 (9 September 2007)

Image: Wikipédia


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