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Sommes-nous des pigeons?

A l'heure où a sonné la libération des jeux d'argent, où les publicités pour les jeux de hasard fleurissent sur nos écrans, le professeur Thomas Zentall de l'Université du Kentucky a mené une étude sur les pigeons et leur comportement face aux jeux et aux paris. L'expérience peut paraître étrange, mais finalement pas tant que ça.

Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences et habilement titré « Maladaptive choice behaviour by pigeons: an animal analogue and possible mechanism for gambling (sub-optimal human decision-making behaviour) ».

Le but de cette étude est bel et bien d'étudier le comportement des joueurs accrocs aux paris et aux mises d'argent. Ce comportement, si souvent décrié dans les médias et traité dans les films, reste mal connu car il répond à de nombreux stimuli extérieurs. L'idée de Thomas Zentall repose sur deux questions: le fait de parier ou de prendre des risques de manière inconsidérés est-il une particularité de l'homme ou peut-on la retrouver chez les animaux? Cette question sous-entend que le pari est une conséquence d'une partie primitive de notre cerveau. La deuxième question est: comment peut-on isoler cette particularité? Si on choisit d'étudier un parieur humain, ce parieur va être influencer par des facteurs extérieurs très puissants. Nous avons déjà tous vu des images de Las Vegas et ses artifices misent en place pour inciter les visiteurs à miser quelques dollars sur es tables de jeu.
Comment trouver un cerveau « primitif », des sujets pariant dans un univers non attrayant et identiques pour tous? Facile, utiliser des pigeons! Apprenez leur à obtenir de la nourriture en appuyant sur des boutons et puis commencer les paris.

D'un côté les chercheurs ont placé un système qui permet d'obtenir 3 graines, 10 secondes après avoir appuyé sur un bouton qui émet un lumière jaune ou bleue. De l'autre côté, un système qui délivre 10 graines si la lumière émise en rouge et rien si la lumière est verte. Ce deuxième système est réglé pour donner en moyenne 2 graines toutes les 10 secondes.

82% des pigeons préfèrent appuyer sur le bouton rouge/vert, gagner gros d'un coup mais finalement moins!

Un deuxième expérience a ensuite été tentée. Le premier système reste le même et le deuxième maintenant délivre 10 graines dans 20% des cas que les lumières soient rouges ou vertes. Pour cette seconde expérience, les pigeons choisissent de manière préférentielle le premier système et les trois graines certaines. Les chercheurs pensent que dans cette expérience, l'excitation liée à la vision de la lampe rouge (et du gain de nourriture) est fortement amoindri. Le jeu devient moins stressant, moins passionnant et les pigeons préfèrent dans ce cas la sécurité des trois graines.

Etonnant de voir des pigeons soumis à la passion du jeu et agir au finalement contre leurs propres intérêts. La passion du jeu pourrait être une motivation basique, animale. Thomas Zentall note également que dans ses expériences, les pigeons nourris pariaient moins que les pigeons affamés. Une réponse à la flambée des jeux d'argent que nous connaissons actuellement?


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