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Les larmes de souris sont-elles aphrodisiaques ?

A force d'observer des cobayes dans leurs laboratoires, les scientifiques finissent pas développer une étrange fascination pour la vie sexuelle des souris. Il y a quelques mois, une équipe coréenne a identifié un "gène gay" chez les femelles. Au Japon, une autre équipe, s'est intéressée à l'organe voméronasal du rongeur, spécialisé dans la détection des phéromones.

Ils ont ainsi découvert que les larmes de souris contiennent des phéromones sexuelles, appelées ESP1, rendant les femelles plus réceptives aux stimuli de leurs soupirants. Les humains, qui ne possèdent pas cette arme de séduction, peuvent toujours verser quelques larmes de crocodile pour émouvoir leurs partenaires.

L'équipe du professeur Kazushige Touhara, de l'Université de Tokyo, a montré que les souris mâles pleurent pour éviter que leurs yeux ne se dessèchent. Lorsqu'ils font leur toilette, ils répandent la flagrance de leurs larmes sur l'ensemble de leur corps et dans leurs nids. Lorsque la femelle vient s'y frotter, elle détecte la phéromone (grâce à l'organe voméronasal, situé sous la surface intérieure du nez) qui active un récepteur de protéine et fait son chemin vers une zone spécifique du cerveau. Selon les chercheurs japonais, il y a alors trois fois plus de chance pour que la femelle adopte la posture invitant le mâle à la copulation.

Les êtres humains ne possèdent pas le gène qui encode ESP1 et son récepteur. Par ailleurs, l'organe voméronasal est atrophié et ne joue plus un rôle aussi prépondérant que pour d’autres espèces. Certains pensent qu'il est encore fonctionnel; d'autres, qu'il n'est qu'un reliquat de l'évolution.

Le professeur Kazushige Touhara et son équipe ont déjà envisagé les applications directes de leur découverte. L'expression de la phéromone ESP1 est plus altérée chez les souris de laboratoire qu'au sein de populations sauvages. C'est pourquoi leur taux de reproduction est plus bas, rendant l'élevage et les sélections génétiques difficiles. Les scientifiques japonais ont donc fait breveter ESP1 comme outils de contrôle des populations. Son utilisation doit permettra d'accroître les chances d'accouplement des souris de laboratoire. Une communication est parue dans la revue scientifique Nature, en juillet dernier.

Source: National Geographic


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