Le monde du travail est-il une jungle où se joue le triste spectacle du darwinisme social ? Faut-il être grand(e), beau (belle), fort(e), intelligent(e) et diplômé(e) pour trouver un emploi ? Peut-on lire l'avenir d'un(e) futur(e) chef d'entreprise sur son front d'adolescent(e) ? Autant de questions auxquelles deux nouvelles études scientifiques vont peut-être nous permettre de répondre.
Les chercheurs de la BGU (Ben-Gurion University) en Israël se sont demandés si les candidats favorisés par un physique avenant avaient plus de chance de trouver un emploi que les vilains petits canards chômeurs. La réponse est : oui et non. En réalité, dans ce domaine, la parité ne semblent pas acquise. Les curriculum-vitae des beaux messieurs obtiennent en effet 19,9% de réponses, contre 13,7% pour ceux des moches et 9,2% pour les dossiers sans photo. En ce qui concerne les candidatures féminines, on observe le résultat inverse. Les jolies femmes sont moins souvent sollicitées par les employeurs éventuels que leurs collègues ingrates ou celles qui n'ont pas pris la peine de joindre une photo à leur CV. Ces résultats inspirent plusieurs questions. 1) Comment ces chiffres ont-ils été obtenus ? 2) Les recruteurs sont-ils des femmes ?
Les recherches se sont appuyées sur l'envoie de 5312 dossiers de candidatures en réponse à des offres d'emplois en Israël. Ces curriculum-vitae ont été soumis par paires. Chaque entreprise a ainsi reçu deux réponses presque identiques sur le plan des compétences et de l'expérience. Une lettre contenait un CV sans photo, l'autre opposait ce premier candidat, soit à un bel homme/une jolie femme, soit un homme moyen/une femme ordinaire. En ce qui concerne les femmes plus séduisantes que la moyenne, les chercheurs israéliens ont remarqué que les réponses variaient de façon significatives, selon si elles postulaient à un emploi par le biais d'un cabinet de recrutement ou directement auprès de l'entreprise. Les universitaires se sont alors intéressés au profil des employeurs et ont découvert que les postes au sein des ressources humaines des grandes entreprises étaient occupés en majorité par des femmes (soit 96% des sociétés étudiées). La directrice du personnel type est une célibataire (67%) de 23 à 34 ans. Deux éléments qui, selon les psychologues, pénaliseraient les candidates plus jeunes et plus séduisantes.
La seconde étude, réalisée par des psychologues canadiens et américains, semble davantage sujette à controverses. En effet, les chercheurs de l' université de Torronto et de la Tufts University, partant du postulat que les entreprises les plus rentables sont gouvernés par des managers au physique correspondant, prétendent qu'il serait possible de prédire 30 ou 40 ans à l'avance leur réussite professionnelle. Les résultats de cette analyse, qui ont été publiés dans la revue Social Psychological and Personality Science, s'appuient sur plusieurs critères, parmi lesquels les vêtements, le maintient, la coupe de cheveux, etc.
Le Professeur Nicholas Rule, du département de psychologie de l'Université de Toronto, explique que son équipe a développé une méthode pour mesurer le pouvoir facial d'un individu et permettant de prévoir les futurs profits de son entreprise. Le Dr Rule et son collègue, Nalini Ambady de la Tufts University, ont ainsi étudié les photos de 73 dirigeants parmi les 100 plus importants cabinets d'avocats des États-Unis. Ils ont comparé les photos récentes de leurs cibles (téléchargées sur les sites Internet des sociétés) à celles de leurs jeunes années (disponibles dans les albums de classe des établissements secondaires). Trente-trois ans séparaient en moyenne les premiers clichés des seconds. Les psychologues ont ensuite établi un barème, gradué de 1 à 7, et tenant compte de différents critères comme le charisme, la maturité des traits, l'aura (sympathie, loyauté) se dégageant du corps et du visage. Selon les chercheurs, cette technique pourraient être élargies à d'autres secteurs d'activité que les cabinets d'avocats, et notamment aux politiciens. Ceux qui adhèrent aux théories du déterminisme apprécieront.
Source: Science Daily et Physorg